Une image de bibliothèque dont la voûte est décorée : symbole du travailler en profondeur
Crédit photo : Shutterstock – DaLiu

J’ai pas le temps

Vous ĂŞtes-vous parfois rendus compte qu’une heure s’était passĂ©e entre la prise en mains de votre tĂ©lĂ©phone intelligent (smartphone) et le moment oĂą vous le dĂ©posiez ?

Un gros plan sur les mains d'une personne manipulant un smartphoe

Dans cette heure-lĂ , le temps suspend son vol. Vous avez parcouru beaucoup de contenus. Beaucoup plus que si vous aviez dĂ» lire un journal ou un livre, aller physiquement faire les courses, puis rencontrer vos amis. Votre attention s’est morcelĂ©e Ă  force de sauts de puce d’un sujet Ă  l’autre ou d’un contact Ă  l’autre. Et pourtant, vous apprĂ©ciez peut-ĂŞtre cette activitĂ©. 

Cette activitĂ© dĂ©tend et elle prĂ©tend nous mettre en lien avec tout ce que nous ne devons pas manquer. Elle prend en charge notre curiositĂ©. Et pas seulement, elle prend en charge notre mĂ©moire. Et puis aussi, elle prend aussi en charge notre sens critique. 

Pas Ă©tonnant que ce tĂ©lĂ©phone soit qualifiĂ© d’intelligent !

Ce qui est Ă©tonnant, c’est le temps que nous pouvons passer devant notre Ă©cran. C’est le sentiment d’y ĂŞtre depuis une minute alors qu’il s’agit d’une heure. C’est l’impression d’y faire quelque chose d’important, d’indispensable mĂŞme. Et c’est surtout de ne pas sentir que ce temps-lĂ  pourrait manquer Ă  d’autres activitĂ©s. Alors que nous percevons une valeur Ă  la connexion digitale, Ă  quoi renonçons-nous lorsque nous consacrons du temps Ă  nos Ă©crans ? Et en quoi est-ce si facile d’y renoncer ?

La réponse dans un sommet virtuel : travailler en profondeur

Une photographie de Cal Newport, auteur du concept de travailler en profondeur

Heureuse ou triste coïncidence, c’est lors du Vitra summit digital, donc devant mon écran, que je fais la connaissance de Cal Newport. Cal Newport est américain. Il enseigne les ordinateurs (computer science) à l’université de Georgetown. Il étudie depuis une dizaine d’années les interactions entre la technologie et la culture.

Dans son ouvrage Deep work, ce professeur oppose travailler superficiellement et travailler en profondeur. Vous l’aurez compris, le travail superficiel consiste en toutes les taches qui peuvent se mener de manière automatique ou qui pourraient ĂŞtre sous-traitĂ©es Ă  une autre personne moyennant un très court temps de formation (de l’ordre de la semaine ou moins). Par exemple, donner un pouce levĂ© Ă  un post, ou bien rĂ©pondre Ă  un courriel « je suis d’accord Â», ou alors naviguer de page web en page web en ne lisant que les titres.

Travailler en profondeur permettrait en revanche de gĂ©nĂ©rer une valeur diffĂ©renciante car peu accessible : celle de la concentration. En Ă©tat de concentration, l’être humain dĂ©passe ses propres limites. Il fournit un travail de qualitĂ© et en profondeur. Et il est satisfait de ce qu’il a produit car son corps aura senti l’effort et ses effets. Enfin, le rĂ©sultat de ces efforts ne sera pas facilement copiable ni interchangeable puisqu’il s’agit de travail en profondeur. Travailler en profondeur enrichirait vos compĂ©tences en propre et entretiendrait votre raretĂ©. Cela peut ĂŞtre utile dans un monde d’obsolescence et de remplaçabilitĂ©.

J’aimerais bien, mais comment m’y prendre ?

Le livre donne de nombreuses stratĂ©gies pour augmenter la part de travail en profondeur tout en conservant une partie de travail superficiel. Amateurs de planification et de rituels, vous serez servis !

Une photo de bureau vitré, avec des murs bleus

Point de dĂ©part : une journĂ©e de travail rythmĂ©e par le dĂ©rangement intempestif souhaitĂ© ou subi. Il peut s’agir de notifications, de conversations, de courriels, de tâches administratives ou autres sollicitations Ă  court terme. Pas une minute Ă  soi.

Point d’arrivĂ©e : des espaces temps dĂ©limitĂ©s propices au travail en profondeur et suffisants pour produire le travail de qualitĂ© dĂ©sirĂ©. Il semblerait que l’Homme soit tout au plus capable de 4 heures de concentration intense quotidienne. Parfois deux heures par jour suffisent Ă  faire une Ă©norme diffĂ©rence ! 

Entre les deux, il y a l’abandon de sources de distractions potentielles et la mise en condition dans un environnement favorable Ă  la concentration. 

Et pour avoir des rĂ©sultats, choisir un sujet de concentration qui apporte plus de satisfactions que ce que le surf internet ou les rĂ©seaux sociaux vous procurent. De cette manière, il sera plus facile de renoncer Ă  la superficialitĂ© ! Autrement dit, vous serez aisĂ©ment enthousiastes Ă  l’idĂ©e de vous consacrer au travail en profondeur.

Vous serez peut-être intéressés par cet article sur la vie liquide.