Une personne en poncho sur un rocher au milieu de montagnes de sapins brumeuses

Vivons-nous notre nature d’être humain pleinement inclus dans le Vivant? Voici un vestiaire bestiaire : deux lectures animées et animales qui nous font découvrir l’animisme.

De Nagui à l’anthropologie.

Octobre 2019, j’écoutais par hasard la Bande Originale, émission animée par Nagui. Les invitées étaient Cécile de France, comédienne et Fabienne Berthaud, réalisatrice, pour le film Un monde plus grand

Ce film est l’adaptation cinématographique d’un récit autobiographique de Corine Sombrun, ethnomusicologue. Une histoire fascinante de nature et d’humains, où les uns et les autres s’entremêlent, s’écoutent et se répondent avec fluidité. Comme si ces relations-là allaient de soi, et depuis toujours. 

Transe avec les loups.

Photo de Corine Sombrun et de la chamade Enkhetuya
Corine Sombrun et la chamane Enkhetuya, source inconnue

Reprenons la source d’inspiration du film. Dans l’ouvrage Mon initiation chez les chamanes, Corine Sombrun narre la manière dont elle est appelée vers la Mongolie et vers le peuple des Tsaatanes. De nombreux hasards – appelez cela de la synchronicité, si vous le voulez – la mènent exactement sur les lieux de sa venue au monde en tant que chamane. C’est un récit captivant que celui de sa rencontre avec l’animal qui désormais l’accompagnera dans ses transes : le loup. Corine Sombrun est louve pendant ses transes. Elle voyage louve, ce qui n’est pas sans susciter de l’étonnement ou de la curiosité. 

Et l’ours dans tout ça ?

portrait en extérieur de Nastassja Martin, autrice de croire aux fauves
Portrait de Nastassja Martin, source inconnue

Juillet 2020, lecture de Croire aux fauves de Nastassja Martin. Une anthropologue se « jette » dans la gueule de l’ours, l’ours se reconnaît dans le regard azuré de l’anthropologue. De cette rencontre naît une humanité définitivement hybridée, mélangée jusque dans la chair. De cet ours-là nous ne connaissons pas la transformation. Nous ne savons pas ce qu’il en garde. Seule se pose la question du rapport à cette altérité depuis l’humain avec le non-humain. Un sujet qui enrichit la réflexion au sujet de la relation à soi et à l’autre. Par ricochet, je découvre l’animisme, exploré par Philippe Descola, dont Nastassja Martin a été l’étudiante. Nastassja Martin est sensible à une vision du monde selon laquelle les non-humains et les humains partagent un « fond commun animé », autrement appelé « intériorité ou âme ». Seuls leur enveloppe, leur corps les distingueraient.

Vestiaire bestiaire : à la découverte de l’animisme

Voici donc deux animalités-humanités incarnées. Ici, pas de distinction entre imaginaire et réel. Cet autre possible, ce lien indéfectible avec le non-humain solidement tressé est bouleversant. A l’heure où nous nous désincarnons tous les jours davantage avec nos avatars et nos robots conversationnels, quelles expériences que celles de ces deux autrices! Nul besoin d’élargir le vestiaire bestiaire pour aller à la découverte de l’animisme. Et si je m’en tiens à cette simple phrase, alors je comprends un peu plus ce que Corine Sombrun et Nastassja Martin transmettent dans leurs livres. La possibilité d’un autre rapport à ce qui est tout autre et pourtant tout semblable. Un appel viscéral qui nous rappelle que nous faisons avant tout partie du Vivant.

Vous seriez peut-être sensibles à ceci.